Des citations / idées fortes sur le langage                          

                         



Alain BENTOLILA

« Maîtriser la langue, c’est savoir gérer les moyens linguistiques dont on dispose en fonction d’une situation qu’on analyse. » (Indices nécessaires en fonction de la situation et de ce qu’en sait déjà le destinataire : histoire du vase cassé)

« L’image d’un individu se fait plus encore sur la maîtrise de l’oral que sur la maîtrise de l’écrit »

« Quand un enfant vous dit quelque chose que vous ne comprenez pas, votre devoir est de dire que vous ne comprenez pas. »

« La langue est le propre de l’homme : elle a pour vocation de dépasser l’œil. C’est le verbe qui fait tourner la terre alors qu’on ne la voit pas tourner, c’est le verbe qui fait la terre bleue comme une orange.»

« Lorsque nous manquent les mots pour changer l’Autre et le monde, de façon pacifique, vient alors la tentation d’imprimer d’autres marques, d’imposer d’autres traces : la violence physique qui punit l’autre d’être autre , le vandalisme qui saccage et détruit ces choses dont on ne sait rien dire . »

« La langue efface l’espace et le temps. On vit dans le “ici” et le “maintenant”, la langue nous projette dans le “partout” et le “tout le temps”. »

« Le pouvoir du verbe à transformer le monde dépend essentiellement d’une démarche de médiation. La lecture et l’écriture sont sémiologiquement interdites aux enfants qui n’ont pas bénéficié de cette médiation. »

« Il y a des langues qui donnent les clés du monde, d’autres qui ferment les portes des ghettos. »

« Apprendre à parler, c’est à la fois apprendre à échanger avec son entourage et à développer les différentes fonctions du langage :
- désigner le monde qui nous entoure
- agir sur lui par la parole
- évoquer des situations qui ont existé ou que l’on imagine
C’est aussi apprendre à s’intéresser au langage, c’est-à-dire à jouer avec lui tout autant qu’à prêtre attention à ses formes et à son fonctionnement » textes officiels1992


J. HEBRARD:

« Lire est une relation presque contradictoire entre un lecteur qui invente et un texte qui l’empêche d’imaginer. »

« Quelle que soit l’hypothèse que l’on fasse sur l’acquisition du langage, il semble que l’on puisse affirmer que cette dernière ne peut relever d’une pédagogie explicite, c’est-à-dire d’un apprentissage organisé et ordonné par des leçons et des exercices. »

« L’accès au langage ne peut se faire que dans le cadre de processus de communication.»

« Il ne suffit pas qu’un enfant entende parler autour de lui pour qu’il apprenne à parler et à se servir du langage. Il est nécessaire que ses paroles s’inscrivent dans une expérience partagée qui leur donne du sens. »

« Un enfant ne peut acquérir du vocabulaire qu’en accumulant des expériences dans lesquelles le langage qu’il entend prend un sens du fait de la situation qui l’accompagne. N’espérez pas lui faire acquérir du vocabulaire en lui serinant des listes de mots, même si vous ajoutez les images correspondantes.»

« L’enseignant doit accompagner d'une verbalisation aussi explicite que possible l'ensemble des situations qui sont vécues en commun dans la classe ou hors de la classe. En effet, avec de très jeunes enfants, il faut toujours partir du principe que rien ne va de soi. Que tout doit être explicité. Il en résulte un double bénéfice : culturel et langagier. Chaque fois qu'un enfant fait quelque chose et que vous accompagnez ce qu'il fait d'une parole, vous lui apprenez à comprendre et à parier. Chaque fois que vous faites quelque chose dans la classe et que vous accompagnez cette action d'une parole, vous lui apprenez à comprendre et à parler. Permettre à l'enfant d'apprendre à parler, c'est donc verbaliser de la manière la plus explicite (c'est-à-dire la plus redondante) les situations qui s'offrent à lui. C'est aussi, bien évidemment, varier ces situations, trouver toutes les occasions d'enrichir son expérience. À cet égard, vous pouvez être assurés d'une chose, pour aider l'enfant à apprendre à parler, les leçons ou les moments de langage ne sont pas les plus efficaces.
Dès lors, c'est dans tous les domaines d'activité de l'école maternelle que l'exigence d'une pédagogie active de l'accès au langage doit être présente. En agissant dans le monde, en agissant sur le monde, l'enfant trouve les moyens de développer ses expériences, donc d'apprendre à comprendre et à parler. »

Jérôme BRUNER:

« Les trois facettes du langage que l’enfant doit maîtriser pour devenir un “locuteur de sa langue”, à savoir la syntaxe, la sémantique et la pragmatique, ne pourrait pas de toute évidence être apprises indépendamment les unes des autres. Elles sont nécessairement inséparables. » Comment les enfants apprennent à parler

« Entre la théorie impossible (théorie de Saint Augustin et plus récemment théorie béhavioriste (insistance sur les mots…)) et la théorie miraculeuse (théorie de Noam Chomsky (nativisme et innéisme)), je dis que l’idée centrale est l’intention de communiquer. Nous communiquons dans un but précis, pour accomplir une fonction. » Comment les enfants apprennent à parler


Elisabeth BAUTIER:

équipe ESCOL université PARIS VIII« S’il est important que les élèves puissent se sentir à l’aise dans un débat, savoir prendre la parole et argumenter, faire un exposé- activités langagières sur lesquelles on a mis l’accent ces dernières années - il est tout aussi important de penser l’oral comme un moment et un moyen d’avancer dans la structuration des activités de connaissance, d’élaboration. »

« Si les différentes démarches adaptatives se sont avérées moins démocratisantes que ne le pensaient leurs promoteurs ( ex : maîtrise des écrits sociaux, situations de communication, d’expression…) , n’est-ce pas parce que , au delà de leurs différences, elles partagent le même oubli, majeur: le langage et l’écrit pour apprendre , élaborer, penser, ne fait qu’exceptionnellement objet d’enseignement et d’apprentissage scolaire alors même que cet usage du langage est fortement différenciateur des élèves. »

« Il faut tout de même rappeler que les usages du langage et les formes de la langue qui lui sont liées ne sont pas indépendants des expériences de vie, ni des univers de connaissances dans lesquels on évolue. Aider à la maîtrise de la langue, c’est aussi dans l’école, faire découvrir ces univers de connaissances et de savoirs sans lesquels on ne peut se construire. C’est sans doute donc situer le rapport à la langue dans sa relation avec le rapport au savoir. »


Monique BAUDRY la maîtrise de la langue au collège :

« Pour parvenir à construire des savoirs opératoires, il faut construire en même temps les compétences langagières qui les sous-tendent. Le savoir, pour s’acquérir, doit se verbaliser. »

Jean Yves ROCHEX :

« Enter dans la culture écrite, c’est modifier son rapport au langage et son rapport au monde, c’est se construire des modes de pensée qui viennent ordonner, raisonner et donc transformer ce qui dans l’expérience ordinaire peut relever de l’usage et de la pratique implicites, non conscients. »

Jacques BERNARDIN:

« Le vocabulaire doit suivre la compréhension et non l’inverse. Ce n’est pas le mot qui est incompréhensible mais c’est le concept exprimé par le mot qui fait totalement défaut à l’élève. Le mot est presque toujours prêt lorsque le concept l’est. »

« Dans le domaine de l’apprentissage de la langue comme dans d’autres, lorsque l’école propose des savoirs formalisés, sans lien avec les pratiques sociales, déconnectés des conditions historiques ou des contextes problématiques qui leur ont donné naissance, elle propose rien moins qu’un changement de monde pour beaucoup d’élèves tant sur le plan cognitif que sur le plan social.. Elle présuppose évident ce qui ne l’est pas et apporte des réponses sans avoir pris le temps de constituer les questions qui leur donnent sens. En outre, la forme des savoirs et des transmissions (du simple au complexe) s’inscrit dans une logique scripturale en distance de l’expérience et du rapport au monde de certains d’élèves. Rien d’étonnant à ces conditions à ce qu’ils balancent entre incompréhension et refus. »

Agnès FLORIN:

Parler ensemble en maternelle: « Il faut développer les différentes composantes des compétences communicatives à l'intérieur d'activités finalisées, signifiantes et motivantes pour les enfants.
D'une manière générale, il s'agit de privilégier le fonctionnement psychologique, le fonctionnement individuel des enfants et de lui subordonner l’organisation du travail en classe et dans l’école. Non l’inverse. »« On ne peut guère mener de front plusieurs objectifs à la fois, surtout lorsqu'ils sont contradictoires. Il est difficile par exemple d'apporter beaucoup d'informations, tout en laissant largement parler les enfants, ou encore de restituer complètement et logiquement un récit tout en faisant s'exprimer la quasi-totalité des enfants de la classe.»


Maurice MERLEAU-PONTY ( 1908 / 1961 ):

« Le langage s’impose à moi comme une facticité inépuisable, largement immaîtrisable, codifiée, organisée selon des structures rigides (du moins à l’échelle de l’individu), à laquelle, pour parler vraiment, je suis contraint de me soumettre. »


J.F. SIMONPOLI:

« Contrairement aux idées réductrices, il n’y a pas de parler pour ne rien dire, ni passage du coq à l’âne, pas même de bavardages inutiles ou de logorrhée intempestive coupables de prendre le temps de l’activité. Les échanges entre enfants ne se développent pas de façon aléatoire mais, au contraire, sont structurés par des règles complexes. »