Le jeu d'échecs

 

Conte original: "La guerre n’aura pas lieu…"

 


 

" Il était une fois, un roi tout vieux et très sage qui vivait dans un pays très bizarre. Ce pays n’était pas comme le nôtre car tout y était blanc. Le roi qui donc était tout blanc, habitait dans un immense château tout blanc. Ce château tout blanc était flanqué de deux solides tours toute blanches. Juste à côté de ces deux tours toute blanches, se trouvaient les écuries qui abritaient sur des chevaux tout blancs montés par des cavaliers tout blancs. Et juste à côté des écuries qui abritaient des chevaux tout blancs vivaient de drôles de personnages tout blancs qui avaient un comportement très bizarre : le roi les appelait ses fous. Enfin, au milieu du château tout blanc, se trouvaient les appartements du roi tout blanc et ceux de la reine toute blanche. Des soldats tout blancs étaient installés devant le château tout blanc. Ils étaient là pour protéger le château tout blanc et le roi tout blanc.

La vie, dans ce pays tout blanc, était très agréable et très paisible. Tout le monde vivait depuis toujours dans le bonheur et personne n’avait jamais eu d’ennemis.

Mais un jour, les cavaliers du roi tout blanc revinrent au château très inquiets pour annoncer au roi une bien étrange nouvelle :
« Sire roi dit le premier cavalier avec émotion, nous venons de découvrir à l’autre bout du royaume tout blanc une chose absolument in-cro-ya-ble !
-Comment cela ? s’étonna le roi tout blanc
-Oh ! Sire reprit le deuxième cavalier d’une voix tremblante, la chose est tellement, tellement…, tellement étonnante !
-Mais enfin ! s’emporta le roi qui d’habitude ne criait jamais, allez-vous enfin me dire ce que vous avez vu ?
-Eh bien ! reprirent ensemble les deux cavaliers tout blancs, nous avons vu, à l’autre bout du royaume, un château, oui.. oui.. un château pareil au nôtre, mais… mais…il est tout noir !

-Tout noir ! s’exclama le roi tout blanc, mais c’est impossible, je le saurais tout de même… ! »
Au moment même où le roi tout blanc prononçait ces paroles, les deux fous tout blancs, qui habituellement faisait rire le roi, entrèrent complètement affolés pour lui annoncer qu’un roi tout noir voulait lui parler de toute urgence :
« Sire, gronda le roi tout noir d’une voix terrible, votre royaume tout blanc me plaît et je veux l’habiter ! »
Le roi tout noir ajouta menaçant :
« Dès demain, nous ferons la guerre ! …et nous verrons bien laquelle de nos deux armées sera la plus forte ! »
Sur ces paroles, le roi tout noir repartit fièrement en laissant le roi tout blanc très désappointé.

Le roi tout blanc n’avait jamais combattu, et son armée n’avait jamais fait la guerre. Mais le roi tout blanc savait dans sa grande sagesse que la guerre était une chose terrible, qu’elle provoquait beaucoup de dégâts et surtout, qu’elle tuait beaucoup de gens et n’apportait que larmes et souffrances. Ne sachant que faire, il décida d’aller voir son amie la fée Caïssa pour lui exposer son problème :
« Roi tout blanc, lui dit la fée avec beaucoup de douceur, j’attendais ta visite. Je savais que tu allais venir car moi, la fée, je sais toujours tout avant les autres. Je connais déjà ton problème et voilà ce que je te propose. »
La fée expliqua longuement au roi tout blanc ce qu’il fallait faire. Quand elle fut sûre que le vieux roi tout blanc avait bien compris, elle le laissa repartir.

Et c’est ainsi que le lendemain matin, le roi tout blanc partit jusqu’à l’autre bout du royaume pour visiter le roi tout noir :
« Roi tout noir, dit le roi tout blanc d’une voix ferme et décidée, je déteste la guerre et je refuse de faire combattre mon armée contre la tienne, mais, je ne refuse pas le combat.»
A ces mots, le roi tout noir éclata d’un méchant rire :
« Ah ! Ah ! Ah ! Mais comment pourrais-tu combattre sans ton armée ?
-Ecoute moi bien roi tout noir, voici ce que je te propose : nous allons nous battre dans un jeu. Notre champ de bataille sera un quadrillage qui comportera autant de cases noires que de cases blanches. Nous l’appellerons l’échiquier. D’un côté de l’échiquier, des pièces en bois noir représenteront tes soldats et ton château avec tes tours, tes cavaliers, tes fous, ta femme la reine noire et toi-même. De l’autre côté de l’échiquier, des pièces en bois blanc représenteront mes soldats et mon château avec mes tours, mes cavaliers, mes fous, ma femme, la reine blanche, et moi-même. Puisque j’étais dans le royaume avant toi, je jouerai le premier. Nous ferons plusieurs parties et le gagnant sera le gagnant de la guerre. »

Le roi noir accepta de jouer. Les deux rois inventèrent les règles du jeu qu’ils appelèrent jeu d’échecs."

Et qui a gagné la guerre me direz-vous ?
Eh bien tous les deux en réalité car tantôt c’étaient les noirs qui gagnaient et tantôt c’étaient les blancs. Mais ce qui est sûr, c’est que grâce à la fée Caïssa, les blancs et les noirs ont appris à vivre ensemble et qu’il n’y eut jamais la guerre dans le royaume.

Remarque :
Les expressions “tout blanc” et “tout noir” qui reviennent en leitmotiv doivent bien sûr être fortement “théâtralisées”, voire suscitées chez les enfants.


Liaison imaginaire / symbolique:

Après avoir lu le conte, le maître déposera sans aucun commentaire devant les élèves un échiquier sur lequel auront été préalablement disposées les pièces blanches.
Les enfants établiront très vite la relation avec le conte. Le maître exploitera cette situation langagière. Il fera émerger et verbaliser entre autre les critères qui permettent de reconnaître les différentes pièces (forme, taille, détail…), la structure de l’échiquier (alternance de cases noires et blanches, 8 cases à chaque ligne, 8 lignes, 8 colonnes). Il s’attardera enfin sur la position respective de ces dernières en faisant utiliser les mots topologiques : à côté de, devant, derrière, à droite de, à gauche de, de chaque côté, en face….

Les enfants, qui bien sûr voudraient jouer, s’apercevront très vite qu’on ne peut pas jouer avec le jeu tel qu’il est. Il manque quelque chose: les pièces noires. Le maître mettra alors ces dernières à leur disposition.

Les enfants construiront par symétrie axiale le “château” noir en face du “château” blanc.